Histoire, contes & légendes

Une Ville d’histoires

L’ancien nom de Mahina est « Uporu » qui signifie « le centre de la sagesse et de la connaissance de l’histoire des divinités ».

C’est là qu’était implantée la plus importante école de toute la Polynésie, celle où Hiro reçut les sept connaissances.

Les enseignements étaient réservés aux seules enfants de souche royale. Hiro, qui n’y avait pas accès, contrairement à ses demi frères, recueillit leurs enseignements depuis le toit de l’école.

Il maîtrisa ainsi les prières de l’océan, de la terre, de l’air, du gouvernement des hommes, des généalogies, de l’escalade des falaises.

Grâce à ses connaissances Hiro devint un guerrier renommé qui navigua dans toutes les îles.

Depuis Vaipihoro à l’Est, jusqu’à Ra’iamanu à l’Ouest (Tahara’a), et la pierre Haavavau, qui se trouve entre l’Océan et la route de ceinture, on plonge dans l’océan à Moanafaaô jusqu’au pâté coralien To’ahuripapa, voilà les limites de Uporu.

Uporu plus tard fût appelé Haavai, mais le roi de l’époque, le roi Vaituarii, décéda par étouffement et brûlure après avoir avalé du fruit de l’arbre à pain de la vallée Tuauru, la coutume interdit d’employer le mot « vai ».

Plus tard Haavai devint Haapape, l’eau que les femmes appréciaient grandement et aimaient y passer du temps.

Longtemps après, le grand prêtre du marae Mahina tua son propre enfant du nom de Tefaumarama et le nom du district fut changé et appelé MAHINA.

D’une Chefferie Ă  la Ville

Organisation et Chefferie

Tahiti et ses districts étaient divisés en 6 coalitions ou clans :

  • Les Teva i Tai
  • Les Teva i Uta
  • Porionu’u
  • Te Oropa’a
  • Te Aharoa
  • Te Fana

Et, dans chaque district dominait une organisation ou une chefferie, comprenant la noblesse (Ari’i Rahi et Ari’i) assistés de prêtres, guerriers, serviteurs, prisonniers et esclaves, les propriétaires fonciers (Ra’atira) consultés en temps de guerres, les serfs et les esclaves. Ces chefferies existaient avant l’arrivée des premiers européens (1767 – Capitaine Wallis).

Le phare

Le phare de la Pointe Vénus tour carrée de 8 étages, édifiée en moellons et coraux d’une hauteur de 25 mètres avec la main-d’œuvre constituée par les maçons mangaréviens du Père Laval, était autrefois appelée Te Ara o Tahiti ou Tepa’inavenuti. Il a été construit en 1867 mesurait 25 mètres de hauteurs mais a été surélevé de 7 mètres en 1963 par Thomas Stevenson et fût inauguré officiellement par le Commissaire de La Roncière en présence de Mgr Pompallier.

Le bâtiment qui se dresse au milieu d’une cocoteraie, devenait invisible pendant la guerre de 1939-1945, les habitants avaient camouflé le phare en peignant sur ses quatre faces, du haut en bas, des cocotiers avec leurs palmes et leurs noix pour enlever tout point de repère à la flotte de débarquement de l’ennemi japonais.

Il était alors doté d’un feu blanc fixe, visible à 15 milles et donne maintenant un feu blanc à éclat, visible toutes les cinq secondes. Ce phare est utilisé également aujourd’hui pour la navigation aérienne grâce à des lentilles additionnelles pour faisceaux aériens.

Une arrivée providentielle. Le 5 mars 1797, le Duff faisait son entrée dans la baie de Matavai avec trente missionnaires protestants de la London Missionnary Society à bord. Dix huit d’entre eux avaient pour mission de s’installer à Tahiti. Ils avaient à leur tête le pasteur John Jefferson. Ils débarquèrent le 7 mars et furent reçus sur la plage par jeune roi Pomare II et sa femme Tetua Tetua portés sur les épaules des indigènes. II n’y avait comme hommes considérés comme instruits et réellement lettrés, que les quatre ministres du Saint Évangile. Les missionnaires, quoique sachant lire et écrire, n’étaient affectés qu’à des travaux manuels. Ainsi Henri Nott exerçait auparavant la profession de maçon et Thomas Bambridge celle de charpentier.

Le monument de la pointe Vénus à Mahina a été réalisé en 1970 pour le compte de l’Église Évangélique de Polynésie Française, par l’architecte Rodolphe Weimann, René Déssirier, décorateur à Paris. Jean Perey, sculpteur-médailleur à Paris, a réalisé le motif représentant le Duff. Le navire Le Duff est représenté par une voile symbolique avec des coutures de renforts, posée sur un socle en plaquettes de marbre figurant les planches de la coque du voilier. La proue est dirigée vers le nord, le voilier étant considéré comme étant sur le départ après le débarquement des missionnaires.

Le mur d’enceinte de forme arrondie symbolise le grand pacifique sur lequel quelques galets parsemés représentant les îles qui ont été évangélisées à partir de Tahiti. La propagation de l’évangile dans le Pacifique est expliquée sur trois panneaux (en français, anglais et tahitien). Ce mur est coupé par un ouvrage en gros galets réalisé en forme de marae à l’arrière et qui évoque la culture et la religion polynésiennes qui existaient à Tahiti avant l’arrivée de l’évangile. La hauteur de ce mur a été rehaussée à 200 cm (chaque centimètre représentant une année du bicentenaire). Pour montrer que l’évangélisation ne va pas s’arrêter là, de petits galets plats ont déjà apparu au-dessus des 200 cm ; le volume important de la base peut en effet supporter beaucoup d’autres années d’évangélisation à venir. Le monument est bordé de sable blanc, symbolisant les plages entourant les îles, et de sable noir et de gravillon, figurant l’immensité de l’océan.

L’assemblage de tous ces ouvrages représente la bonne harmonie à laquelle a conduit la nouvelle religion apportée par les évangélisateurs de 1797.

Le 3 juin 1769, le ciel avait fixé un rendez-vous important aux astronomes : le passage de la planète Vénus devant le Soleil. Cette configuration rare offrait aux savants de l’époque la possibilité de calculer pour la première fois la distance exacte de la Terre au Soleil. Un émoi bien compréhensible agitait le monde scientifique et il était indispensable que l’observation du phénomène ait lieu dans les meilleures conditions possibles. Les îles du Pacifique constituaient des sites idéaux pour s’y livrer.

Dès 1768, la Royal Society de Londres avait décidé l’envoi d’une expédition astronomique aux Marquises dont elle avait confié le commandement à un jeune et brillant hydrographe récemment promu officier dans la Royal Navy, James Cook. Le choix de Cook pour cette mission n’était pas le fait du hasard. Deux ans auparavant, alors qu’il effectuait des relevés hydrographiques à Terre-neuve pour le compte de l’Amirauté, Cook en avait profité pour se livrer de sa propre initiative à l’observation d’une éclipse solaire. Sa rigueur d’hydrographe, son expérience de navigateur et l’intérêt qu’il avait montré pour l’astronomie, le désignait tout naturellement pour prendre la tête de l’expédition projetée.

Une histoire de billet. En 1969, l’Institut d’émission d’outre-mer émet un billet de 1000 francs de type polychrome à couleur dominante rouge-orange. Au recto, il représente un fare niau ( maison au toit de palmes tressées) et une tête de vahine. En filigrane, apparait le profil de Marianne avec les lettres R/F signifiant République française.

Ce sont des photos de paysage et de modèle du photographe Adolphe Sylvain qui ont servis à illustrer le recto de ce billet. Le fare niau était situé à la pointe Vénus, il appartenait à Dexter Georges et était habité par sa famille dont faisait partie la famille Marere.

La vahine est Greta Robson-Goy, fille de Jeannette Saminadam et l’épouse de Gilles Goy qui a été le commandant de l’aviso-escorteur “Henry”.

Le billet de 1000 francs est celui qui a généré le plus de variétés et de défauts (impression défectueuse, absence de signatures, manque de couleur noire, inscription dans la marge, dédoublement) venant sans doute de l’automatisation de la fabrication dans les ateliers de la Banque de France à Chamalières. Les billets de banque ont une durée de vie très courte. Les coupures de 1000 francs restent sur le marché monétaire durant une moyenne de quatorze mois.

Des relations difficiles bien que non tendues. Cook fit édifier un fortin qu’il baptisa Fort-Vénus. Le 1er mai 1769, tout était en place. A l’intérieur, se dressait une douzaine de tentes, dont une pour Cook et ses officiers et une pour Banks et son équipe.

Tout jusqu’alors s’était bien passé, mais, lorsque, le 2 mai, on voulut installer le grand octant dont Green avait besoin pour faire les observations destinées à établir la longitude, on s’aperçut qu’il avait disparu. Grâce à Banks qui entretenait les meilleures relations avec les indigènes et servait souvent d’intermédiaire entre eux et ses compatriotes, l’octant fut promptement retrouvé.

Sur un espace bien dégagé entre la plage et la rivière, un peu plus au nord de l’endroit où Wallis avait établi son camp, les hommes de l’Endeavour entreprirent de construire une véritable forteresse avec des murs d’enceinte épais d’un mètre et demi, des tranchées profondes et des palissades infranchissables ! En fait, en prenant ces précautions Cook redoutait moins une bien improbable attaque des Tahitiens que leurs excessives et permanentes démonstrations d’amitié qui risquaient de perturber les travaux astronomiques des Anglais.

Depuis leur arrivée ils étaient en effet littéralement harcelés par les habitants de Haapape (Mahina). D’esprit pratique et pour mettre un peu d’ordre dans le commerce anarchique qui s’était instauré, Cook fit dresser près du camp un poste spécial destiné aux échanges.

Au départ rien ne prédestinait Le Bounty à entrer dans l’histoire de Tahiti. William Bligh, son capitaine, avait pour mission de collecter des plants de uru – arbre à pain pour les transplanter aux Antilles où ils fourniraient une nourriture bon marché aux esclaves noirs. Pour cette tâche Bligh avait emmené avec lui David Nelson, jardinier de son état. Lorsque Le Bounty mouilla dans la baie de Matavai, le 26 octobre 1788, il reçut l’accueil chaleureux traditionnel des habitants de Mahina. Une serre fut aussitôt montée pour abriter les plants. Le soin de les collecter avait été confié à Fletcher Christian, le second du Bounty. Pour les hommes du navire anglais commencèrent alors de véritables vacances. Leurs moindres désirs étaient satisfaits ; chaque soir ils avaient droit à des fêtes, des danses, des spectacles ; les vahine surtout n’étaient pas avares de leurs charmes ! Bref, dans un décor paradisiaque, ils vivaient un rêve merveilleux qu’ils ne pourraient plus jamais oublié.

Et ce rêve dura cinq mois ! Du 5 au 8 décembre une violente tempête s’abattit sur la Baie de Matavai qui faillit coûter la perte du Bounty. Bligh décida de changer de mouillage et mis Le Bounty à l’abri Papaoa (où se trouve le yacht club actuel). La vie paradisiaque des marins du Bounty put reprendre.

Un arbre à pain, uru, planté sur la pointe du Tahara’a est l’un des descendants directs de l’un des 2000 plants que le capitaine Brigh envoya en Jamaïque et à Saint-Vincent lors de la seconde expédition de 1792.

De curieux visiteurs. A la pointe de Tefauroa (pointe Vénus), vivait aux temps anciens un prêtre d’une grande renommée à cause de ses connaissances de la vie passée, mais aussi de l’avenir des gens. Il avait un grand nombre de personnes à son service. Parmi eux était Paaue, son magicien. Après minuit, Paaue se rendait à la pointe de Fare Paa à Papeno’o, guettant l’arrivée de l’étoile du matin. Lorsque cette étoile apparaissait, Paaue sautait sur elle et c’est ainsi qu’il se rendait à Tefauroa. Avant d’arrivée à destination il faisait un bref arrêt à la pointe de Hitimahana, afin d’interpeller le soleil pour qu’il se lève. Le rayon de soleil lui servait de lumière pour les lieux qu’il regardait. Lorsqu’il arrivait au-dessus de la pointe de Tefauroa, il descendait de son étoile. Alors Manemane lui disait : Paaue, quelles sont les nouvelles ? – Rien !. Telle était la réponse qu’il donnait chaque jour. Un jour, il vit au loin une pirogue sans balancier. Lorsque Manemane le vit il trouvait un changement en Paaue. – Il semblerait que nous avons des nouvelles. – Oui, deux pirogues sans balanciers voguent vers nous. J’ai vu des enfants bien habillés et couverts. Mais lorsque les bateaux arrivèrent ils offrirent des cadeaux en grande quantité au grand chef, comme des boissons, des tissus, des cigarettes et beaucoup d’autres choses encore. Ils cherchèrent à gagner la confiance du grand chef et à s’approcher de la population de Tahiti. Tafa’i Teaotea pense qu’il y a eu des bateaux qui sont arrivés bien avant Bougainville, mais personne n’a approfondi la question.

Un peu de tourisme. La vallée de la Tuauru, dans laquelle coule la rivière Vaitupa est un agréable lieu de randonnée dont le but est les orgues basaltiques au lieu dît Piha. A l’embouchure de la rivière Aahoa, se trouve un marae sur une butte au dessus du lit de la rivière près du bain de la reine, une vasque au pied d’une cascade et à coté de nombreux vestiges de tarodières en terrasses. Ce marae assez bien conservé mesure 16 m x 6 m, et comporte deux rangées de trois pierres dressées. La présence insolite de débris de corail sur ce marae éloigné de la mer provient d’eau de mer et de corail qui était utilisé annuellement pour purifier le marae. Plus au fond de la vallée de la Tuauru, sur la terre Rauhiri, sur la rive droite, on note les vestiges d’un immense paepae sur lequel pousse de la vanille sauvage Haapape et des Opuhi des vallées. Au fond de la vallée Tuauru se trouve un refuge fortifié appelé Fauferu. Il est élevé et très spacieux. les guerriers s’y regroupaient et la population s’y réfugiait en temps de guerre. C’est là que Tu, en guerre contre son cousin Vehiatua, attrapa la toux et que le nom Po-mare (nuit toux) lui fut donné pour avoir involontairement violé un tapu.

Des marae à profusion. De nombreuses prospections furent effectuées à Noho Ahu par le Bishop Muséum. Pierre Vérin avait déjà noté l’existence dans cette zone de plateaux de trois autres sites. Ils comportaient non seulement des marae élémentaires simples ou des marae, à plate-forme basse, distincte du mur d’enceinte, mais également un vaste complexe d’habitat qui comprenait des marae et des terrasses disposées en un vaste amphithéâtre naturel dont la courbe avait près de 100 mètres de diamètre. L’ensemble cérémoniel occupait une surface de cinquante trois mètres de long par vingt trois mètres de large, soit 1 219 mètres carrés. Il fut partiellement détruit au cours de la réalisation d’une piste tracée au bulldozer. Le dernier site fut découvert en Juillet 1971 par une équipe de scouts de France. Il est constitué d’une suite de cours de marae distincts réunis en un seul espace cérémoniel. Il a été étudié en 1974 par M. Gérard de l’ORSTOM. La disposition de la plate-forme 7 et des entourages 1, 2 ,31 et 8 le long d’un même axe, l’association d’un certain nombre de pierres dressées avec une plate-forme ou un entourage, la disposition des ensembles 3, 4, 5 sur un même axe transversal, évoquent certains marae des Tuamotu de l’Est. Le fait que cet ensemble ait été daté de 1780 AD, démontre encore une fois que les marae les plus élémentaires coexistaient dans le temps avec des marae plus complexe du type dit « côtier »

Teuira Henry dit dans son livre tahiti aux temps anciens que selon les indigènes, Orohena est un lieu de refuge, une forteresse .

C’est un marae dĂ©diĂ© Ă  ‘Oro, qu’escaladaient prĂŞtres et pirimato (grimpeurs de falaise).

Il existe deux marae à Orohena, l’un sur le pic Nord, appelé marae Purehau et l’autre sur le pic Sud appelé marae Puretua.

Maurice Jay les photographia lorsqu’il y arriva, au mois de Septembre 1954.

C’est également un site de nichées d’oiseaux Paille en queue à brins rouges, dont les plumes rouges étaient très recherchées pour les parures des chefs. Le rouge étant la couleur de la royauté.

On peut se tromper. La pierre Fareroi, de 0,50 m de hauteur, légèrement inclinée est à six pas à l’Est d’un Uru et signale le lieu de rencontre entre la chefferesse Purea et le navigateur anglais Wallis (1728-1795) en 1767. Cette rencontre a été immortalisée par une gravure. Purea était la grande chefferesse de Papara et la femme de Amo. Elle salua traditionnellement avec une feuille de bananier. Les navigateurs anglais prirent son geste d’accueil pour un signe de soumission. Le marae Fareroi (maison de lit), qui était le marae de Purea, se situait à l’emplacement de l’école Fareroi. Il a été détruit pour la construction de l’école qui a été baptisé de son nom en mémoire du lieu.

Une étrange histoire. La pierre Mahina hi’o noa est l’ultime vestige du marae Mahina sur lequel aux temps anciens étaient célébrées toutes les cérémonies d’adoration. A chaque nouvelle lune et à chaque pleine lune, le grand prêtre célébrait une cérémonie pour témoigner leur reconnaissance et leur gratitude envers leur dieu Taaroa et tous les dieux de la nature.

Sur ce Marae, se trouvait un lieu très saint où seul le grand prêtre et le Roi pouvaient se rendre. Lors de ces rituels, pendant que le grand prêtre invoquait les dieux, aucun murmure ni aucun bruit ne devaient être entendu. Celui qui transgresserait ces règles payerait de sa vie, c’était le roi lui même qui avait fixé ces règles.

Lors d’une cérémonie de la nouvelle lune, pendant que le grand prêtre était en train d’invoquer les dieux, avec ses grands bras ouverts et les yeux fixés vers le ciel, le roi priait à haute voix. Hina, sa femme, tenait dans ses bras leur fils qui venait à peine d’avoir ses deux ans. Brusquement, le petit garçon s’échappa de ses mains et couru en pleurant vers son père le Roi. En pleine méditation, le roi se retourna et vit son petit garçon venir vers lui. Son cœur était remplit d’une souffrance telle que personne ne peut l’imaginer. Il attrapa son enfant, le mit sur l’autel, prit une hache en pierre en forme d’herminette, le frappa à la tête et ensuite offrit sa dépouille mortelle pour les esprits de la nuit. Pendant que le roi exécutait son propre fils selon ses propres règles, personne ne bougea, comme s’ils étaient hypnotisés. Pour cette raison, le roi leur dit : » Pourquoi n’aviez-vous fait que de me regarder ? Mon âme abattue a obéi naturellement à mes propres lois et vous n’avez rien fait d’autre que de me regarder ».

C’est ainsi est né ce dicton “Mahina qui ne sait que regarder”

La pierre Ra’iamanu (ciel d’oiseaux) délimitait le district de Haavai, appelé aussi Haapape, Mahina ou Uporu.

“Depuis Vaipiihoro à l’Est, jusqu’à Ra’iamanu à l’Ouest, on longe la crête de Tahara’a, et la pierre Haavavau, qui se trouve entre la mer et la route de ceinture, puis on plonge dans l’océan à Moanafaaô jusqu’au pâté corallien To’ahuripapa.

L’ancien nom de Mahina était Uporu car à cet emplacement se trouvait la plus importante école de toute la Polynésie. C’est dans cette école que le héros légendaire Hiro reçut de Ana, le sage aux yeux fermés, les sept connaissances.

Plus tard le nom de Uporu fut changé en Haavai. Puis, à l’époque du roi Vaiari, qui décéda par étouffement et brûlure après avoir avalé du fruit de l’arbre à pain de la vallée Tuauru, la coutume du pii a interdit de prononcer le mot « vai » et le nouveau nom du district a été Haapape.

Longtemps après, lorsque l’enfant Tefaumarama fut tué par son père le grand prêtre du marae Mahina, le nom du district fut encore changé et fut appelé Mahina. (voir fiche Pierre Mahina i te mata hi’o noa)

Légende de No Hea Mai ( l’eau venant des yeux) autrement dit, les larmes de Matavai Le fils du roi, Ruanu’u, était chauve, et avait un crâne beaucoup plus allongé qu’un homme ordinaire. Aucune femme ne voulait de lui, à cause de sa laideur. Dans le fond de la vallée, habitait une vahine, Tehoho, qui passait son temps enfermée dans son fare. Un soir, Ruanu’u s’approcha du fare et lui demanda s’il pouvait rentrer. Elle acquiesça, mais il demanda avant de pénétrer, d’éteindre sa lumière, afin qu’elle ne puisse le voir. Il passa la nuit et le lendemain matin n’attendit pas le chant du coq pour s’enfuir, afin qu’elle ne puisse le voir à la lumière du jour. Il continua à venir de cette manière les autres soirs en repartant avant que le jour se lève. Un jour, Ruanu’u lui demanda si elle acceptait de devenir sa femme, mais elle ne répondit pas. Un beau jour, Tehoho vahine, lui donna rendez-vous pour venir le voir un matin. Il accepta. Il rentra chez lui, et demanda conseil pour savoir comment il pourrait la rencontrer sans l’effrayer, de jour. On lui conseilla de s’enduire le corps de monoï au bois de santal, de se laver, et ensuite de se mirer dans l’eau claire de la rivière. Il suivit ces conseils, et vit dans l’eau de la rivière qu’il était devenu un beau jeune homme. Le lendemain matin, il l’attendit, mais personne ne vint. Le soir passa et il eut envie de fuir tellement il était triste. Le jour suivant, il alla à la pointe de Mahina, lança une corde vers l’île d’Hawaï, qui s’accrocha à la montagne de Mauna Kea. A l’aide de sa corde, il partit à Hawaï. Tehoho vahine, qui savait qui il était et qu’il était devenu un beau jeune homme, couru à sa recherche, à la pointe de Mahina, afin de devenir son épouse. Mais elle arriva trop tard, car le fils du roi était déjà loin. Elle se mit à pleurer. Elle a tellement versé de larmes, que celles-ci firent l’eau de Matavai, d’où le nom de la baie de “Matavai »

Beauté du corps ou beauté du coeur ?

Un jour, Roanuu (longue tête) alla à la pointe de Tefauroa à Mahina pour se promener. Tefauroa, la pointe Vénus actuelle, était le lieu de rendez-vous des jeunes gens. Les jeunes filles qui s’y rendaient mettaient une couronne de tête avec des fleurs de pua. Roanuu vit une jeune fille, belle, prénommée Tehoho et la désira comme épouse. Mais Tehoho ne pouvait s’approcher de lui car il avait une tête longue. Roanuu retourna à sa grotte dans la vallée de Tuauru et fit part à sa mère de ce qu’il avait vu et de son amour pour Tehoho. Sa mère lui conseilla d’y retourner mais quant il arriva rien n’avait changé.

La mère demanda à Roanuu d’aller chercher de la liane en guise de corde, des fougères de maire pour en faire une couronne, de l’écorce de Uru (arbre à pain) avec laquelle elle en fit une étoffe de tapa (tissu végétal), des feuilles de Tou et des fruits de mati qu’elle écrasa pour en extraire de la teinture qu’elle utilisa pour dessiner une feuille de uru sur l’étoffe. La mère façonna la tête de son fils jusqu’à obtenir une forme ronde.

Roanuu retourna à la pointe de Tefauroa et Tehoho s’exclama : “Quel beau jeune homme!” sans penser que c’était Roanuu. Ils échangèrent des paroles, s’amusèrent ensemble, se promenèrent ensemble, s’enlacèrent, s’embrassèrent, flirtèrent. Roanuu s’aperçût que Tehoho s’était attachée à lui et eut l’idée de donner une leçon à Tehoho qui l’avait éconduit précédemment. Il donna une extrémité de la liane à Tehoho et entoura l’autre autour du rocher de Hiro, puis il demanda à Tehoho de tirer de toute ses forces.

En tirant la liane, Tehoho réalisa que ce beau jeune homme était Roanuu et l’appela : “Roanuu revient, je t’aime”.

Roanuu répondit : « Je ne reviendrai pas, j’ai eu trop de peine, tu n’apprécies que la beauté du corps, mais tu n’as pas vu la beauté du cœur”.

La beauté a ses risques. Un jour vivait un chef et sa compagne Hina sur le marae Fareroi dans la plaine de Mahina. Vint un temps où le chef de Fareroi guerroya dans la vallée de Ahonu. Hina resta dans son campement avec sa suite, mais eut envie d’aller se baigner dans la rivière de Tuauru.

L’eau était si limpide et agréable qu’elle s’y allongea de tout son corps. Alors qu’elle appréciait la fraîcheur de l’eau, un groupe en amont cueillait des uru (fruit de l’arbre à pain). Ils jetèrent un grand nombre de uru dans la rivière qui fut remplie de la sève de ce fruit. La sève s’accrocha et se colla au corps de Hina. Hina ne rentra pas à son campement.

Ses amies vinrent à sa recherche, la prirent dans cet état et la conduisirent à son bain Vaimuna. Là, elles se mirent à la nettoyer jusqu’à ce qu’elle retrouve sa peau d’antan. Mais pendant qu’elles la nettoyaient, une de sa femme de sa suite partit prévenir Fareroi du fait. Fareroi fut très attristé, malheureux après avoir entendu cette mauvaise nouvelle. Il laissa ces gens sous la direction d’un jeune homme, Monoihere, et revint voir sa femme bien-aimée Hina. Sur son chemin de retour il fit des incantations en invoquant les dieux de la nature.

Le héros de Fareroi arriva sur les lieux et demanda de ces nouvelles : Hina, est-elle propre ?

– Oui, elle l’est ! Répondirent ses amis.

Fareroi fut soulagé et heureux et il enlaça sa bien-aimée.

Voici la signification exacte du mot Mahina Verohuri o te Purutuou La tempête que fait renverser la beauté

Une belle leçon d’humilité. Dans la vallée de Ahonu sise à Mahina, il existait un grand lézard, dit Mauihina Oto Un jour, Mahanarama, le père de Hema dit Fareroi, se rendit dans la vallée de Ahonu, où se trouvait un grand lézard, appelé Mauihina Oto. Lorsqu’il arriva, son regard fut attiré par un pommier rouge, il s’en approcha et cueillit quelques fruits puis s’endormit. Près de là se trouvait Mauihina Oto. Lorsqu’il se réveilla, le lézard avait disparu et il fut très surpris parce qu’il lui semblait l’avoir vu dans ses rêves mais avec un visage de femme d’une grande beauté. Sur ces entrefaites, il revint dans sa demeure. Quelques mois plus tard, le lézard donna naissance à un enfant : Hema. Lorsque Hema devint un jeune homme, il s’adressa à Mauihina Oto, et lui dit : « Ma mère, où est mon père, je ne l’ai jamais vu ? » « Un jour viendra où tu le verras de tes yeux » lui répondit elle. A cause de l’insistance de Hema, Mauihina Oto conduisit son fils auprès de son père à la rivière de Vaimuna. Mauihina Oto dit à son fils : Tu ne peux te tromper, tu ressembles à ton père. Mauihina Oto donna à son fils les derniers conseils d’une mère et s’en alla du côté de Tetiaroa pour y mourir. Lorsque Hema rencontra son père Mahinarama, ce dernier ne l’accepta pas parce qu’il ne voulait pas que les gens sachent qu’il avait couché avec un lézard. Mais ce fils ne ménagea pas son père en lui disant : « Tu es la tête de ces gens, tu es un homme en réalité, mais de quoi as-tu honte ? Sois heureux, tu as pu donner vie à un être semblable à un homme. Nous ne sommes que des éléments de la nature, il n’y a aucun homme qui n’est un aspect de lézard en lui ». Les adultes furent très heureux d’entendre ces paroles prononcées par ce jeune homme et Hema fut accueilli avec plaisir par l’ensemble de la communauté et par son père.

Une histoire d’amour. C’est l’histoire d’un jeune homme de Pitohiti qui se trouvait tous les jours au haut d’une falaise pour regarder la plage.

Lorsque l’envie lui prenait d’aller à la plage il sautait à un endroit appelé aujourd’hui « Faa Taueue « , de là à « Faa Taofirifiri « . Puis il marchait sur une falaise surnommée « Otiatia » qui appartenait à Taiatua. Taiatua signifie le dieu Tai. Son fils s’appelle Tairea, sa femme Rea. Comme il pleura sa chère femme, on l’appela Tairea (on pleura la nuit).

Pitohiti dit qu’il désirait Raveatia comme épouse, et à cet endroit là se trouvait un pied d’un Atae (arbre aux baleines). Cet arbre était leur lieu de rendez-vous parce qu’il était situé à un endroit bien dégagé, et à l’abri de cet arbre on a une belle vue sur Moorea, la mer, l’océan.

Ce lieu était également un petit nid d’amour pour nos tourtereaux. Souvent il scrutait la passe de Teatao. Il y avait un corail là. Lorsque la mer se gonflait au-dessus de ce corail, c’était le signe que la femme tant désirée de Pitohiti arrivait. Lorsque la vague se brisait, elle emportait la femme dans la grotte de Tapene. De là elle courait rejoindre Pitohiti au pied de l’arbre à Tahara’a.

Un rocher légendaire. Entre le pâté corallien To’a huripapa et la baie de Niufa se trouve le corail appelé Te to’a o Hiro ( la roche de Hiro). Hiro y ancra sa pirogue double lorsqu’il vint à Tahiti à la poursuite des nahiti, qui avaient dérobé l’habit, les perles et la couronne de plumes rouges de sa fille Pihoitemarotainoa. Lorsque Roanuu (voir légende de Roanuu) s’aperçût que la jeune Tehoho s’était attachée à lui, il eut alors l’idée de lui donner une leçon. Roanuu donna le bout de la corde à Tehoho, et l’autre bout il l’entoura autour du corail de Hiro, puis il demanda à Tehoho de tirer de toute ses forces. Pendant que Tehoho tirait, la liane de calebasse tournoyait, alors que le corail de Hiro s’éloignait. Tehoho réalisa que ce beau jeune homme était Roanuu.

PARIPARI FENUA